Gaia passa sa tête dans l’embrasure de la porte du dictateur :
– il est là, je le fais entrer ?
– Oui, on ne va pas faire attendre notre invité de marque, même si c’est un loup.
Le leader des Enraged Wolf Squadron, aussi connu en tant que commandant Aligator2b, entra alors dans la pièce emmitouflé dans une fourrure grise magnifique. Le dictateur se demanda comment il pouvait porter ce truc par tout temps. Heureusement qu’il ne devait pas porter des plumes en référence aux oiseaux noirs…
Les deux chefs se toisèrent du regard quelques secondes. Deux combattants mercenaires, vieux briscards de l’espace, se jaugeant sans détour, quiconque aurait été présent à ce moment là aurait vu deux duellistes s’apprêtant à se battre…. Il y avait entre ces deux groupes une rivalité lointaine et sauvage.
Mais d’un coup les deux se mirent à sourire franchement.
– Ali, ça faisait longtemps, ravi de te voir.
– La même phopho, ta secrétaire est vraiment ravissante…
– Pas touche, on parle pas d’une de tes livraisons discrètes, là. En parlant de ça, encore merci pour les deux convois que tu nous as envoyés, notre Fleet Carrier avance bien, grâce à ça
– Normal, puis tu paies suffisamment pour que cela vaille le voyage.
La rivalité était suffisamment lointaine aujourd’hui et avait été remplacée depuis par un respect mutuel. Les loups ne valaient peut-être pas les oiseaux noirs au combat (Ali devait surement penser l’inverse, mais c’est ce qui rendait la rencontre intéressante), mais ils avaient prouvé qu’ils étaient de farouches guerriers et qu’ils savaient respecter leur parole.
Le dictateur servit deux verres de son meilleur Ualcool, et continua en même temps.
– Alors comment se porte la meute ?
– Bien, les affaires sont excellentes, et nos louveteaux prometteurs. Et tes oisillons ? J’ai entendu dire que vous faisiez des ravages dans les rangs thargoids ? On ne croisait pas souvent vos vaisseaux noirs à Asterope pourtant… et maintenant les Fédération des pilotes ne tarit plus d’éloges sur vous. Un retour aux sources ?
– On a une recrue qui nous a apporté pas mal de connaissance sur la manière de les combattre. Il a passé les trois dernières années à les combattre, et il a les dents longues.
– Je croyais que les poules n’avaient pas de dents ?
– Et je ne savais pas que les loups volaient..
Ali rigola franchement de cet échange.
– OK, un partout. Mais depuis quand les Black Birds suivent une recrue ?
– Depuis qu’on a maté toutes les rebellions internes dans notre empire. Puis on commençait à sérieusement s’empater, et ces saloperies de Thargos sont un véritable challenge depuis la découverte des Medusa et surtout des Hydras. Peu d’entre nous sont capable de les affronter en un contre un.
– Effectivement vous avez du bien vous ramollir pour être devenus prudents et craintifs.
Phoneix se remémora soudain son dernier combat contre un Médusa. Huit de ses meilleurs pilotes contre une seule de ces créatures… Deux morts. Quatre vaisseaux hors de combat. Une demi-heure en apnée à éviter les missiles caustiques qui faisaient fondre la coque, les éclairs jaunes impitoyables même sur le bouclier surchargé d’un cutter… Et le “surge“, capable de couper l’alimentation de tout le vaisseau pour les pilotes inattentifs, et durant 30 secondes, qui semblait en durer 300 quand vous aviez ce monstre à quelques mètres en face de vous alors que vous restiez sans défense…
Phoneix finit son verre d’une traite.
– Je crois que tu n’as pas idée de ce que nous affrontons, tu en a déjà abattu ?
– Personnellement non, mais j’ai un ou deux pilotes qui participent de temps en temps en feeelance sur place, et c’est vrai que quand ils reviennent ils boivent plus que d’habitude.
Une idée germa alors dans l’esprit du dictateur. Après tout ils avaient besoin de renfort, et des pilotes n’ayant pas froid aux yeux seraient clairement un plus.
– Ali, tu aimes toujours jouer avec le destin ?
– Le destin ? Un truc inventé par des faibles pour justifier leurs actions. Mais j’aime toujours jouer avec le risque, pourquoi ?
– Rejoins nous quelques jours sur le front et ramène tes meilleurs pilotes. Depuis le temps que tu me dis que les loups mangent des oiseaux au petit dej tous les matins, que dirais tu d’un petit concours ?
Le chef de meute sembla réfléchir quelques secondes. C’était plutot calme chez lui aussi, certains pilotent s’ennuyaient et cherchaient de nouvelles proies. L’idée d’affronter ces satanés oiseaux noirs lui plaisait plus qu’il ne pouvait l’avouer.
– Un moyen de vous clouer enfin le bec ? Je t’écoute oiseau de malheur, qu’as tu à me proposer ?