Journal de guerre, jour 3
L’outpost crachait une fumée noire impressionnante. Les carcasses des vaisseaux de nos ennemis flottaient autour de la structure ravagée, dans un silence de destruction et de mort. Je me tenais à côté de mon vaisseau, un scout noir comme les yeux de la faucheuse, aussi furtif et fourbe qu’un assassin de l’ombre. Depuis des jours j’étais enfermé à l’état-major, pris entre les affres de la diplomatie, les rapports des batailles en cours et les rapports incroyables que déversaient mes espions heure après heure. Sortir et combattre m’avaient fait un bien fou. Au-delà de ce que je soupçonnais.
Nous avions fini par coincer nos ennemis près d’un outpost à Jitabos. J’avais ouvert le feu sur un vutlure docké au milieu des tirs de la station ripostant, sous les yeux ahuris et amusés de mes coéquipiers qui m’avaient subi toute la soirée. Je pense qu’ils avaient prié pour que nous finissions par coincer les fuyards, de peur, sans doute, que je passe mes nerfs sur eux dans le cas contraire ! Ces derniers jours m’avaient chauffés à blanc et piloter ce vaisseau furtif, en face à face avec un cutter sans baisser l’échine et fonçant toutes griffes dehors sur lui, resterait sans doute l’un de mes meilleurs souvenirs. Mon ennemi avait dû se demander quelle mouche m’avait piqué, foncer seul en DBS sur un cutter n’est pas ce qui vient tout de suite dans la tête d’un pilote en plein combat. Et pourtant il m’avait à peine touché, ma furtivité et mon vol en FA OFF l’ayant même probablement agacé au plus haut point.
« – la corvette médicale est en route pour Tacana, Fondateur, les dégâts sont là-bas monstrueux, la sous-faction ennemie est tombée à 0% ce soir. C’est un massacre ».
Ca, pour taper fort, on avait tapé fort. Pour une première guerre officielle depuis la renaissance des Black Birds on n’avait pas fait dans la dentelle. Bref, la bureaucratie me rattrapait ! Heureusement que j’avais pu quitter mon QG….quelle idée ! L’Ambassadeur de la LOSP, nos alliés, avait mis à la disposition de mon état-major un hôtel de passe. L’idée avait plu aux pilotes, bien entendu, mais les lieux avaient été vidés à leur grand désespoir. Cet Ambassadeur était un malin, aussi surprenant que cela puisse paraître, un Hôtel de Passe est un excellent choix : insonorisé, vierge de caméra, discret…..enfin discret….je n’en pouvais plus de ce rouge et pourpre partout. J’avais besoin de couleurs sombres ! Ça devenait presque vital !
« – Quelles sont nos pertes ? »
« – presque rien, à tel point que la corvette médicale risque de ne pas être des plus utiles ».
Les pilotes des Black Birds devenaient bons, très bons même, le pari était gagné. Perdre cette guerre ne serait rien car nous avions déjà gagné ceci : la Renaissance pleine et entière des fiers Black Birds. Encore faudrait-il perdre, ce n’était pas dans nos plans.
« -Laissez-là sur place. Les populations civiles, vu la barbarie de nos ennemis, seront ravi d’en profiter ».
Son holophone vibra,
« – L’Etat-major vous appelle, voulez-vous leur parler ? »
Le troisième jour de guerre…Seulement, et j’avais l’impression d’avoir passé des mois assis autour de tables diplomatiques ou stratégiques. Je regardai la coque de mon DBS et la marquai machinalement d’un nouveau stigmate, celui de ce pilote dont le corps disloqué flottait autour de l’Outpost fumant…l’école buissonnière était finie….à regret je grommelai,
« -non….dites-leur que j’arrive, mais surtout dites à l’Ambassadeur de la LOSP de me trouver un pot de peinture noire, sinon je crois que je vais tout casser » !